Un ami affichait ce matin cette phrase de Margaret Lee Runbeck : "Le bonheur n’est pas une destination, mais une façon de voyager". Lorsque l'on sait qu'elle décéda à l'âge de 51 ans, on ne peut que la féliciter de tant de clairvoyance !
La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Non, ce n'est pas chaque jour la Dolce Vita.
Nous sommes embarqués sur un bateau et y menons une vie de galérien. Bien sûr, j'exagère, mais c'est dans mon caractère.
Pas de vent ? Nous stagnons. Un vent trop fort ? Notre estomac n'y résiste pas. Aurions-nous envie d'un petit vent bien établi, qui nous permette de suivre notre cap en toute sérénité ? L'ennui nous gagnerait vite. Alors ?
Sommes-nous d'éternelles insatisfaites ? Je n'irais pas jusqu'à une telle affirmation mais...
Une amie qui accumule ennuis sur ennuis - et quand je dis ennuis, c'est pour rester polie -, a cette phrase fétiche : "on n'a pas des vies faciles". Certes !
Je crois surtout que nous avons une énorme capacité à nous la compliquer. Nous voulons tout à la fois, la sécurité et la liberté, un séducteur qui nous soit fidèle, un macho qui repasse ses chemises... et je tairai le reste par pruderie...
Et pour sauter de la poule à l'âne :
"Quand une femme est la douceur et le trouble, l'amusement et la gravité, la nouveauté et la mémoire, le voyage et la demeure... Quel homme digne de ce nom refuse ce miracle et choisit de fuir en invoquant l'inconfort d'aimer ?" Sacré Erik Orsenna, qui me donne une belle occasion de sourire aujourd'hui... !
« On ne naît pas femme : on le devient », nous a assuré Simone de Beauvoir, expliquant ainsi que c’est la civilisation qui fait de l’enfant asexué une petite fille en lui insufflant des instincts dits féminins.
« Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus », développe John Gray dans son livre.
Alors qui croire ? Un peu les deux, probablement. Rien n’est jamais ni blanc ni noir, je devrais dire ni rose ni bleu dans le cas présent.
Mais tel n’est pas mon propos. Ce qui m’interpelle est de savoir comment, après être devenue femme, en provenance de Vénus ou pas, on peut faire machine arrière et redevenir un être asexué. Parce qu’il faut bien se rendre à l’évidence, à partir d’un certain âge, les femmes perdent tout pouvoir de séduction. Elles (toutes) furent de frêles boutons à l’adolescence, pour s’épanouir en de délicates fleurs en quelques mois. Puis elles (certaines) devinrent des bombes, rendant dingues tous les mecs qui croisaient leur chemin. Quelques rares eurent le privilège malgré la ménopause (si elle fut précoce) de garder quelques charmes et d’entendre quelquefois murmurer sur leur passage : "elle est encore bien pour son âge". Mais un jour…
Mais un jour, la femme devient, dans le meilleur des cas, un être humain paré des vertus de sagesse, de douceur, de tendresse, de compassion, de fidélité, de tolérance… Ce n’est pas mal, direz-vous ! Oui mais…
Mais son charme ? ses atouts féminins ? sa sexualité ? son pouvoir de séduction ? Balayés, à la poubelle ! Comment même oser y songer ? Honte à celle qui chercherait une lueur de désir dans les yeux d’un homme. Quel toupet !
Et c’est ainsi que les femmes se trouvent au fil des jours dans l’obligation de faire taire leurs désirs, de refreiner leurs passions, d’éteindre le feu qui les anime si elles ne veulent pas se consumer. Le corps se dégrade, les rides déforment les traits du visage ; les muscles fondent, les seins répondent aux lois de la gravitation, aussi les fesses. Quel tableau ! Quelle femme senior ose se regarder lucidement dans le miroir de sa salle de bains ? Quelle femme senior n’éprouve pas un certain dégoût de son corps ?
Mais le cœur est intact, il bat toujours aussi fort. La tête perd sa raison, parfois, comme une midinette. Avec peut-être plus d'intensité quand on sait que le temps est compté. Aimer encore, une dernière fois, être aimée surtout, en dépit de tout.
Les hommes aussi bien sûr subissent les outrages du temps. Mais tellement moins que les femmes ! Qui critiquera un homme mûr qui épouse une jeune femme ? On l'enviera ! Qui s'étonnera qu'une jeune femme soit attiré par un vieux monsieur ? C'est tellement émouvant ! Alors qu'il est impensable qu'une femme vieillissante puisse tomber amoureuse d'un homme plus jeune ; la preuve en est qu'on a donné un nom à ce genre de femme : cougar !
Non, en vieillissant, la femme ne devient pas un ange ! Elle deviendrait même le diable si elle en avait le pouvoir. Mais c’est trop tard. Ni ange ni démon, elle n’a d’autre issue que d’être un être humain pas trop chiant, qui tait sa douleur, qui accueille à bras ouverts qui veut bien s’y blottir, i.e. ses petits-enfants ! C'est vrai, quoi, qu'est-ce qu'elle veut d'autre, la salope ?
Elle n'a d'autre choix pour garder un soupçon de vie sociale que de fréquenter les clubs du troisième âge, afin de trouver le courage de s'habiller chaque matin, et tenter de présenter une image correcte, donc déguisée de sa décrépitude.
Bien sûr j'exagère. Bien sûr je déconne. Comme - presque - toujours.
En réalité, la souffrance est beaucoup plus violente que quiconque n'est pas une femme vieillissante ne peut l'imaginer.
On ne naît pas femme ? Mais on meurt femme.
Les commentaires récents